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Maisons
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30 juin 2025
Présentée à la Fosun Art Foundation de Shanghai en novembre 2024, la toute première exposition de Pomellato, une rétrospective intitulée « Art & Jewelry », a mis en lumière un demi-siècle de créativité, dont témoignaient les campagnes de publicité iconiques et les créations phares de la Maison.
Conçue en collaboration avec Alba Cappellieri, Directrice du design bijoux et accessoires à l’école Politecnico di Milano, l’exposition « Art & Jewelry : l’héritage de Pomellato en matière de créativité et de savoir-faire, de 1967 à aujourd’hui » a souligné la modernité de la Maison grâce à ses nombreuses archives, des campagnes de publicité révolutionnaires signées par certains des plus grands photographes de tous les temps, comme Gian Paolo Barbieri, Albert Watson, Horst P Horst, Lord Snowdon, Peter Lindbergh, Javier Vallhonrat, Michel Comte et bien d’autres.
Sur trois périodes, l’exposition confrontait les campagnes de publicité qui ont marqué l’histoire de Pomellato avec un élément distinctif de l’univers créatif de la Maison.
Les chaînes coïncident ainsi avec l’effervescence culturelle des années 1970, les pierres précieuses colorées célèbrent l’audace des années 1980, les volumes généreux accompagnent l’émancipation féminine à l’œuvre dans les années 1990 et reflètent la culture visuelle de l’époque. Issues des archives de la Maison et pour la première fois réunies pour le public, les photos sont signées par les plus grands noms de la photographie de mode. Plus d’une centaine de bijoux provenant des archives comme des collections récentes ont par ailleurs été rassemblés pour l’occasion. De l’art de la photographie à l’art de la joaillerie, le voyage à travers l’héritage visuel de Pomellato n’en est que plus fascinant.
Le célèbre portrait Le Gemelle (Les Jumelles) du photographe de mode Gian Paolo Barbieri invite le visiteur à pénétrer dans l’exposition. Sur les lèvres du mannequin, le même sourire énigmatique, tandis que les surplombent, à la façon d’un rideau de scène, les 675 tubes de cuivre mobiles qui composent la façade de 4 000 mètres carrés du bâtiment de la Fosun Art Foundation. Ce portrait révolutionnaire de 1971 est la première campagne publicitaire de Pomellato : entre rêve et réalité, incarnant la nouvelle identité de la jeune Maison milanaise, l’actrice italienne Lilly Bistrattin apparaît comme sa propre jumelle, une figure féminine bicéphale d’un autre monde qui porte les colliers et bracelets Gemelle en or jaune et blanc. Dès sa première campagne de publicité, la vision artistique de Pomellato rompt avec les codes classiques de la publicité joaillière. La Maison est animée par un esprit d’avant-garde qui ne cessera de la guider.
La porte de l’exposition franchie, on est comme aspiré dans un autre univers. Aux murs d’un long couloir se succèdent des photos de bijoux et de détails d’architecture de Milan, où Pomellato est fondée en 1967 par Pino Rabolini. Mélange de genres et d’échelles, ces clichés font écho à l’effervescence créative et à l’esprit anticonformiste propres à la capitale italienne du design. Alors que la mode voit naître le prêt-à-porter, Pino Rabolini s’en inspire pour proposer, le premier, le concept du bijou à porter tous les jours, au gré de ses envies. Abolissant les frontières entre l’art, la mode et la joaillerie, ses créations se distingueront dès lors par une créativité constante, moderne et joyeuse.
Les chaînes comme fil rouge
Les chaînes illustrent particulièrement cette idée du bijou facile à porter. Après un couloir tapissé d’images de maillons en or, l’exposition les met à l’honneur au fil des espaces. Ainsi de la première gourmette Pomellato, créée en 1967, qui ouvre la voie à une symphonie de modèles aux formes sophistiquées et généreuses. On pouvait aussi admirer les lignes Spiga, Ancora, Rondelle, Rollò ou Barbazzale, ainsi que la collection contemporaine Catene, constellée de diamants et de pierres précieuses, dont chaque modèle sollicite le savoir-faire de six à dix artisans, et jusqu’à 170 heures de travail. D’autres pièces associent leurs maillons aux diamants et aux rubis, aux émeraudes et aux saphirs, une combinaison reflétant l’expertise de Pomellato en matière de sertissage.
Des gouachés originaux mettent l’accent sur l’art de sculpter des volumes souples ou de marier l’or jaune à l’or blanc. L’orfèvrerie est mise à l’honneur avec des chaînes encore plus complexes, d’une surprenante virtuosité, où de fins maillons rehaussés de diamants s’entrelacent pour reproduire la fluidité d’un tissu nimbé de lumière… Aussi délicates soient-elles, les chaînes sont également un symbole de pouvoir, comme le suggère cet autre portrait, daté des années 1970, d’une jeune femme à l’air résolu, les poings joints et fermés en signe de défi, le cou entouré de plusieurs chaînes. Une image non conventionnelle reflétant une nouvelle fois l’esprit visionnaire de Pomellato.
La couleur des années 80
Tandis que l’audace et l’exubérance marquent les années 1980, Pomellato décide de confier ses campagnes de publicité aux photographes de mode les plus célèbres. Véritables œuvres d’art, elles scellent la rencontre de la créativité, de la mode et de la photographie d’auteur. Les clichés d’Albert Watson, par exemple, jouent sur l’intensité des contrastes, comme ce portrait daté de 1985, qui montre le profil d’un homme entravé par des chaînes. L’image, étonnamment moderne – les campagnes des joailliers de l’époque ne mettent jamais en scène de modèles masculins –, est nette, comme dotée de reliefs, révélant le plus petit détail des bijoux. Plus loin, entre ombres et lumières, une photo de 1987 signée Horst P. Horst magnifie la silhouette féminine et l’élégance de bijoux cascadant sur le dos du modèle.
À travers l’objectif de ces photographes, Pomellato ne cesse d’insuffler aux femmes parées de ses créations pouvoir, charisme et beauté.
Une aura avivée par les teintes audacieuses des pièces. La décennie est en effet celle de la couleur, dont la marque se fait une spécialité. Illustration avec les collections Heritage Boccole et Griffe, leurs diamants de couleur et leurs pierres aux teintes vives ; avec les bagues Mora et Rugiada, dont l’absence de sertissage témoigne de l’excellence du savoir-faire de la Maison, révélant toute la magie du quartz citrine, des grenats et des labradorites ; avec Bahia et Capri, dont les associations colorées signent leurs inspirations brésiliennes et italiennes ; avec les bagues Ritratto mettant en valeur malachite, œil-de-tigre, lapis-lazuli et jaspe dans leur beauté brute. Autre hymne à la couleur, la collection Nudo étincelle avec ses pierres aux 57 facettes asymétriques, innovation brevetée par la Maison. Suivent encore les colliers et bracelets de Haute Joaillerie Catene et La Gioia, summum de la sensibilité chromatique.
À rebours de la décennie précédente, les années 1990 prônent une esthétique minimaliste et sobre. Sur le parcours de l’exposition, cette volonté d’épure s’incarne dans la composition réalisée par Lord Snowdon en 1992 pour la boucle d’oreille Boccole – un cabochon de taille spectaculaire –, dont les courbes répondent aux cheveux ondulés du modèle.
À une époque où se développe la culture de l’image, d’autres campagnes frappent par leur intensité. Les chaînes volumineuses sont notamment les protagonistes des photos de l’Espagnol Javier Vallhonrat, dans une interprétation transgressive défiant les stéréotypes esthétiques de l’époque. Capturés par Michel Comte, les visages de Patty Pravo, Marisa Berenson ou Rossy de Palma traduisent une autre intention. Celle de représenter l’émancipation féminine à travers des femmes puissantes. Avec leurs volumes généreux, les bijoux soulignent non seulement leur beauté, mais aussi leur esprit d’indépendance et leur individualité.
Clin d’œil surdimensionné au thème du volume, une sculpture XXL des colliers chocker de la collection Gemelle semble léviter à quelques mètres au-dessus du sol, au milieu de l’immense espace d’exposition. Autour, la collection Iconica rend hommage à l’orfèvrerie milanaise de la Renaissance à travers des formes douces et amples, tandis que les bagues Arabesque déclinent leur inspiration mauresque. On découvre également les bracelets Iconica aux diamants de tailles irrégulières ou le tour de cou Terrazza Duomo, une spectaculaire pièce de Haute Joaillerie. Autres collections exposées, toutes deux inspirées par la nature : Armonie Minerali, qui affiche ses gemmes inhabituelles et ses couleurs audacieuses, et les bagues de cocktail Scarabeo, ciselées à la main, symbolisant par leur volume l’expression créative de la Maison.
Réunissant chaînes, couleurs et formes sculpturales, la dernière collection de Haute Joaillerie en date, « Le dualisme de Milan », donne à voir la vision créative la plus récente de Pomellato. Tout autant que le collier Spinelli di Fuoco, « ardente étreinte de pierres précieuses aux couleurs rares », Barroco capte l’attention avec sa chaîne en or rose entrecoupée de maillons ornés de diamants et d’un kaléidoscope de gemmes de taille baroque, dont une tourmaline Paraíba de 34 carats. Également exposé, le collier Gemme Superlative qui associe tanzanites ovales, grenats orange et aigues-marines, ainsi qu’une myriade d’autres pierres précieuses. Plus loin, de somptueux bracelets, dont une large manchette en or rose ornée de 460 diamants cognac et de 1 145 diamants blancs jouent le contraste avec les lignes sinueuses et articulées du choker Asimmetrico.
« Depuis 1967, Pomellato représente l’avant-garde de la joaillerie italienne, promouvant de nouveaux concepts puissants de créativité et d’individualité féminine. »
Jetant un pont vers l’avenir, deux installations réalisées spécialement pour l’exposition, afin d’illustrer les multiples facettes de la femme Pomellato, clôturent cette immersion dans l’histoire de la Maison. La première, de la photographe chinoise Chen Man, est composée de deux œuvres, dont un impressionnant cliché révélant le dos d’une danseuse à la musculature saillante sous un collier de chaînes. La seconde est signée par les artistes milanais Alberto Maria Colombo et Anna Paladini : de vrais portraits, mais des mannequins imaginaires… générés par intelligence artificielle. Des images très différentes, mais diffusant toutes une sensation de confiance en soi. À l’image des campagnes passées, cette expérience artistique témoigne d’une créativité et d’une avant-garde sans limites. Une conclusion parfaite pour ce voyage au cœur de l’héritage artistique, du savoir-faire artisanal et de l’innovation audacieuse qui définissent le style Pomellato.